En annonçant une « partie 1 », je ne pouvais que faire une « partie 2 », surtout que je n’ai pas développé ce que c’est que l’immunité innée (ou non spécifique). C’est l’objet de cette 2e partie avec un petit focus (qui en appelera un plus grand) sur l’inflammation chronique, mal moderne désagréable et potentiellement responsable de pas mal de désagréments.
Petit récap’
On a donc dit que l’immunité c’est la faculté du corps à faire la distinction entre le « soi » et le « non-soi » et qu’il est sur le pied de guerre 24h/24. C’est déjà un signe qu’il faut pouvoir le laisser tranquille autant qu’on peut ; sauf que nos sociétés modernes ne lui laisse pas cette chance. On verra en fin de post deux mesures hygiénismes toute simples qui sont indispensables à notre système de défense.
On a vu l’immunité acquise qui se sépare en :
- immunité cellulaire : des cellules du système immunitaire qui présentent l’antigène à un lymphocytes T qui se multiplient pour attaquer les cellules endommagées
- immunité humorale : des lymphocytes qui présentent l’antigène à un lymphocytes B qui va produire des anti-corps qui sont envoyés sur la zone à défendre, via le sang et la lymphe. Les anti-corps s’attaquent directement au virus ou à la bactérie.
L’immunité innée : rôle de l’inflammation
Avant que cette immunité ne soit activée, il y a l’immunité innée. Cette immunité intervient quand le pathogène a réussi à passer les barrières évoquées dans la partie 1 (les barrières sont davantage assimilées à un système de défense qu’au système immunitaire). Cette immunité compte des acteurs, des cellules :
- des macrophages qui mangent les pathogènes (on dit qu’ils sont doués de phagocytoses (« phage », ça veut dire « manger » en grec)) ;
- des cellules tueuses sobrement appelées NK pour Natural Killers. Ce sont des sortes de samouraïs 🔪 qui tuent un grand nombre de microbes et certaines cellules tumorales.
Cette immunité compte surtout une scène, un théâtre qu’est l’inflammation. En effet, à partir du moment où un agent extérieur pénètre dans le corps, se met en place une cascade de réactions physiologiques permettant notamment aux macrophages et aux NK d’arriver hyper vite sur place. C’est le rôle de l’inflammation de faire ça : elle va notamment provoquer un dilatation des capillaires sanguins (des petites veines et artères qui transportent les globules blancs) pour qu’il y ait plus de ces cellules sur une zone limitée. Les globules blancs vont alors s’extirper des capillaires et être attirés vers le pathogène. Dilatation = augmentation du débit sanguin et œdème, c’est pour ça que ça devient rouge et que ça gonfle.
Il y a ensuite un véritable combat entre le pathogène et les cellules de l’immunité innée, à l’issue duquel il y a un vrai champ de bataille avec pleins de cadavres des deux côtés. Ce champs de bataille, on le connait, on le voit…c’est le pus, dont la couleur caractéristique est grosso modo la même que celles des globules…blancs (en terme techniques, les globules blancs ce sont les leucocytes car leuco- en grec signifie blanc et -cytes signifie cellules)
En dehors de ces cellules, de nombreuses substances anti-microbiennes sont secrétées par le corps :
- les « interférons », sorte de messagers chargés de prévenir les cellules aux alentours qu’il y a un intrus,
- le « complément » qui va activer la réaction inflammatoire…
De ce fait, dès qu’il y a intrusion d’un pathogène ça va systématiquement créer une inflammation. Et là je me dois de donner mon avis (avis partagé par les personnes qui connaissent ce mécanisme inflammatoire). Il est catastrophique de prendre systématiquement un anti-inflammatoire qui plus est anti-stéroïdien (les fameux AINS). En effet, tuer l’inflammation, c’est se priver d’une des armes les plus efficaces du corps pour combattre.
Idem avec la fièvre qui est également une réaction physiologique normale qui va potentialiser la réaction inflammatoire et donc la réponse immunitaire (elle intensifie notamment les effets des interférons et du complément); elle permet même d’inhiber la prolifération de certains microbes. Ici encore, faire baisser la température est contre-productif. C’est contre-physiologique.
Quand je pense à tous ces parents qui donnent systématiquement du Doliprane® dès que leurs enfants ont un peu de température, je suis un peu embêté car personne ne leur a expliquer qu’il faudrait mieux contrôler la température (notamment en donnant un bain avec eau à 2 degrés de moins que la fièvre, mettre des linges légèrement humides sur le front) plutôt que de la faire descendre. Ça annihile la construction du système immunitaire de l’enfant et c’est pas bon à long terme je pense…un peu comme les antibiotiques systématiques mais c’est un autre débat.
Ce qui est primordial, fondamental, essentiel à comprendre c’est que cette réaction s’arrête naturellement. Il y a toujours des cellules qui surveillent le champs de bataille et qui arrêtent la prolifération de globules blancs…c’est un vrai problème quand ça ne s’arrête pas et c’est délétère, très délétère pour le corps. Pour ceux qui ont lu sur le COVID-19, ils ont peut être vu des termes comme « orage cytokinique » ou « choc cytokinique ». C’est effectivement une des causes de la mortalité de personnes qui ont contracté le virus. La système immunitaire s’emballe et déraille au point de provoquer des problèmes respiratoires fatales.
En outre, il y a une part de la population qui est victime du phénomène dit d’inflammation chronique.
…à l’inflammation chronique
Elle va se mettre en place petit à petit et pour diverses raisons :
- pollutions permanentes qui mettent le système immunitaire sur le pied de guerre en permanence (pollutions aériennes, pesticides, herbicides,…),
- intoxications aux métaux lourds tel que aluminium, nickel, plomb,…,
- mauvaise alimentation qui n’est pas « reconnue » comme bonne par le corps,
- virus froids (comme le virus de la mononucléose, souvent bénin mais qui peut rester dans le corps et provoquer des réactions inflammatoires ponctuelles, idem pour le virus de l’herpès,…),
- …
Il y a une analyse sanguine qui permet de voir l’état inflammatoire d’une personne c’est la CRP (on a déjà dû vous la vérifier) malheureusement, cette mesure n’est pas assez fine pour identifier une inflammation chronique. Elle le sera en partie pour une inflammation ponctuelle aigüe, en revanche.
Nous avons déjà dit que le système immunitaire est toujours sur le qui-vive mais il n’est pas toujours actif (du fait du rôle des barrières). Avec une inflammation chronique, le souci c’est qu’il est toujours actif, jamais au repos et que ça c’est pas physiologique. Ça va avoir un impact notable sur le système hormonal et notamment le taux de cortisol.
L’inflammation chronique va faire dériver des vitamines et des minéraux en permanence sur le lieu de l’inflammation et si ces minéraux sont uniquement à cet endroit, ils ne peuvent plus être aux autres endroits utiles pour le corps. Le corps va donc être en carence de ces minéraux, une fatigue permanente peut s’installer voire des maladies dégénératives. Je continuerai et développerai ces notions dans d’autres posts.
Deux technique hygiénistes pour soulager son système immunitaire
🍽️Le jeûne
En cette période de Ramadan, intéressant de mettre un coup de projecteur sur une technique vieille comme le monde, aussi ésotérique que contestée dans un pays de nourriture comme la France. Pourtant, de nombreuses études (y compris sur l’homme) suggèrent réellement un avantage à jeûner quelques jours par mois (2 à 3 jours en moyenne) ou du moins à réduire la portion calorique. Cette période propice à l’élimination du « surplus » va permettre à l’organisme de se régénérer en profondeur. Et le système immunitaire n’y échappe pas, bien au contraire.
Il faudrait faire un article dédié sur ce sujet mais je préconise pour une première approche 2 techniques qui s’en rapprochent :
- le jeune intermittent il s’agit de reposer son organisme de toute nourriture pendant 16h. Concrètement, ca veut dire sauter le petit déjeuner ou le dîner. Je vous laisse choisir celui que vous seriez prêt à ne pas prendre. L’avantage de celui-ci c’est qu’il est possible de le faire pour des personnes même de constitution fine.
- La monodiète il s’agit de n’ingérer qu’un seul aliment pendant une journée. La plus connue est celle de raisin (à faire en automne) mais vous pouvez en faire une à la pomme 🍎, à la compote de pomme, au riz semi-complet,…. Une seule règle : un seul aliment, rien d’autre (ça exclut l’assaisonnement). Deuxième règle : un aliment sain (ça exclut une monodiète de chocolat, de fromage, de viande rouge,…;-)
🛌🏼Le sommeil
Et oui, technique qui n’en ai pas vraiment une mais qui est tellement négligée de nos jours. J’en fais même un sujet de conférence à destination des particuliers et des entreprises.
Il est fondamental de bien dormir, et au moins 7h non stop (pour ne pas dire 8h en fait). Ici encore, on est juste sur la physiologie : le sommeil c’est le temps de repos pour le corps. C’est un besoin deux fois plus important que celui de manger..à méditer.
Pendant le sommeil, il y a 4 phases et le corps ne peut pas passer à une phase suivante sans avoir fini la précédente. C’est contraignant mais indispensable. Il se trouve que la phase dite de « reconstruction » est la 3e phase. Relativement tard du coup dans le processus de sommeil…de l’importance de la durée de sommeil.
Alors oui, le sommeil est indispensable pour faire un « reset » intellectuel mais pas que. Tout le corps en profite et le système immunitaire est remis aussi en ordre lors de cette 3e phase. Bref, faites du sommeil un allié.
Au regard de l’évolution, « le sommeil a un coût pour toutes les espèces vivantes, car il les rend vulnérables aux prédateurs, aux piqûres d’insectes, aux dangers immédiats, précise Sylvaine Artero, chercheuse à l’Inserm. Si l’évolution a conservé le fait de dormir, c’est que l’organisme en tire des bénéfices supérieurs. Cette mise au repos permet sans doute de consacrer son énergie à d’autres fonctions«
Ne négligez pas la nuit, la détente avant le sommeil et les étirements le matin pour faire des sas entre ces différents moments de la journée.
Voilà, merci encore de votre fidelité.
A bientôt.
Laurent